Magdeleine
Marie Krysinska

Poème Magdeleine

A Arsène Houssaye.

L’air est plus opprimant par ce soir d’orage
Dans le creux de roche où Magdelaine pleure -
Et des pierres émane une odeur de tristesse.
Loin sont les jours
Où sa victorieuse beauté
Lui était
Comme une couronne
Et l’éclat astral de ses yeux
Comme une gloire -
Un deuil cruel et cher la possède pour jamais. -
Loin sont les jours
Où la radieuse éblouissance de son corps
Se constellait d’orfèvreries -
Et ses beaux bras se plaisaient aux anneaux
Amoureux de leur contour.
Son âme est blessée d’une sainte tendresse
Et toute ployante sous le poids du charme -
O torturant charme! -
De la Voix bonne
Et de la bonne Parole
Qui s’est tue dans la Mort,
Mais qu’elle entend toujours.
Et pour rendre ses pensers douloureux
Plus navrés,
Les souvenirs maudits clament
Ainsi qu’un vent de rafale;
Oh! le rire de ces flûtes entendues
Dans les nuits damnées!
Alors que couronnée de roses
Et la gorge nue, -
Ivre des arômes de sa fastueuse chevelure, -
Elle se renversait aux bras enlaçants
D’amants. . .
Oh! le rire de ces flûtes!
Que l’air est opprimant
Dans le creux de roche
Où maintenant elle pleure.
Un deuil cruel et cher
La possède pour jamais -
Mais dans la lueur de ce soir d’orage
Sa chevelure
Est rose.