A Maurice Donnay.
Regards attristés
De réalités
Laides!
O mes regards douloureux aussi
Des pleurs répandus -
Comme un sang très pâle
Sur le sable des Cirques; -
Regards, infatigables pèlerins
Sur les chemins
De la Beauté, -
Buvez les fraîches ondes
De verte clarté
Pleuvante si tranquillement.
Si joyeusement
Au travers
De ces branches emmêlées:
On dirait
Un doux firmament vert
Etoilé
Des trous d’azur de l’éther.
* *
Quelle exquise symphonie!
Les jeunes pousses ont
Le plumage tendre
Des poussins s’ébattant au soleil,
Dans les cours des fermes.
Et les pubères feuillages
Sont l’émeraude précieuse,
Dont la prodigue main des anges
Broda le manteau du ciel.
Les troncs bruns des sycomores
Ont l’attitude chaste du sommeil
Des bêtes
Aux brunes fourrures.
Les bouleaux souples
Dansent comme les almées
Dans leurs blancs atours
Et les aimables lianes
Prennent dans leurs bras amoureux
Les torses des puissants chênes.
* *
La Source aux yeux candides,
A la chevelure verte,
Baigne dans l’eau ses cuisses de jade.
Sa gracieuse oreille de corolle
Ecoute le bruit délicat
Des herbes frôlées
Par le lézard, -
Au milieu du calme extatique
Des ramures. -
Et le regard rieur de ses yeux candides
Suit le manège des vertes grenouilles;
Tandis que sa main charmante,
Et claire comme un nénuphar,
Joue avec le collier de jolis cailloux luisants
Qui murmure autour de son cou.
3 août 1889.