À Charles Henry
Sur le gazon déverdi, passent – comme un troupeau d’oiseaux chimériques – les feuilles pourprées, les feuilles d’or.
Emportés par le vent qui les fait tourbillonner éperdûment. –
Sur le gazon déverdi, passent les feuilles pourprées, les feuilles d’or. –
Elles se sont parées – les tristes mortes – avec une suprême et navrante coquetterie,
Elles se sont parées avec des tons de corail, avec des tons de roses, avec des tons de lèvres ;
Elles se sont parées avec des tons d’ambre et de topaze.
Emportées par le vent qui les fait tourbillonner éperdûment,
Elles passent avec un bruit chuchoteur et plein de souvenirs.
Les platanes tendent leurs longs bras vers le soleil disparu.
Le ciel morose pleure et regrette les chansons des rossignols ;
Le ciel morose pleure et regrette les féeries des rosiers et les fiançailles des papillons ;
Le ciel morose pleure et regrette toutes les splendeurs saccagées.
Tandis que le vent, comme un épileptique, mène dans la cheminée l’hivernal orchestre,
Sonnant le glas pour les violettes mortes et pour les fougères,
Célébrant les funérailles des gardénias et des chèvrefeuilles ;
Tandis que derrière la vitre embuée les écriteaux et les contrevents dansent une fantastique sarabande,
Narguant les chères extases défuntes,
Et les serments d’amour – oubliés.