Poème La Généreuse

(Extraits)

Pendant que mon auguste reine
Résiste aux outrages du sort,
Muse, pour un dernier effort,
Chantons sa gloire dans sa peine.
Employons aujourd'hui, mais d'un air de grandeur,
Un noble et saint reste d'ardeur
Qui nous purge d'ingratitude
Et comme fait ce bois où je fais mon étude,
Accordons l'ombre et la splendeur.

Il faut que le siècle confesse
Que Louise en fait l'ornement
Et que son rare jugement
Est le trône de la sagesse.
J'admire de sa vie et le lustre et l'odeur ;
J'admire la sainte froideur
Qui de l'éloge la détache ;
Mais j'admire surtout que, lorsqu'elle se cache,
C'est lors qu'on voit mieux sa splendeur.

Arrière, cette fausse gloire
Dont se prévalait le Païen ;
Toute sa vertu n'était rien
Qu'un vain désir de la mémoire.
Je n'y vois qu'amour-propre et qu'ostentation ;
L'idole de l'ambition
Trouvait en son coeur sa victime
Et sans aller plus haut, le seul but de l'estime
Le disposait à l'action.

L'homme n'est point fait pour la terre ;
Bien qu'il en soit fait et sorti
Et qu'il doive être converti
En cent substances qu'elle enserre.
Il est né pour les cieux, il doit y aspirer ;
Nul vivant ne peut l'ignorer
S'il sait d'où son âme dérive
S'il ne le connaît pas, quoiqu'on pense qu'il vive,
C'est un vrai mort à déplorer.

Dieu ne veut l'homme que pour l'âme,
L'âme que pour la volonté,
Il faut que sa seule bonté
L'émeuve, la touche et l'enflamme.
Enfin, il ne demande, à qui respire au jour,
La volonté que pour l'amour,
L'amour que, pour l'honneur suprême,
Que tout ange lui rend, qui n'est dû qu'à lui-même,
Et que couronne un si beau tour.