Qu’il faisait calme et beau, ce soir-là ! L’Angelus
Tintait naïvement de village en village,
Les flots du lac roulaient déferlant sur la plage,
La rainette chantait au revers du talus.
Une charrette au loin, de deux boeufs attelée,
Passait. Nonchalamment assis sur le brancard,
Gaule au poing, pieds pendants, le bouvier nasillard
Éveillait en sifflant l’écho de la vallée,
Tandis que d’un beau ciel, or et pourpre au couchant,
Vert et bleu sombre à l’est, tombait sur les collines
Un vague crépuscule aux teintes opalines,
Qui confondait le bois, le marais et le champ.
C’était la paix partout, la paix sereine et grave ;
Et ceux qui descendaient de la lande aux rochers,
Ce soir-là, relevaient aussi leurs fronts penchés
Et se sentaient le coeur plus joyeux et plus brave.
Juin 18……