Frère, tu veux causer ; tu veux que je rassemble
Mes souvenirs ; tu veux, me tenant par la main,
Comme un vieillard penché sur son bâton qui tremble,
Des jours qui ne sont plus remonter le chemin.
Il fut rude, souvent, ce long passé qui semble
Pourtant si court, plus tard, au pauvre cœur humain !
Nous n’avons pas fléchi, car nous étions ensemble ;
Nous le sommes encor : le serons-nous demain ?
C’est l’avenir, vois-tu, qui frappe à notre porte ;
Laissons le passé fuir avec ce qu’il emporte ;
Oublions s’il fut triste ou s’il fut caressant ;
Et, pour braver le sort et ses coups arbitraires,
Rendons grâces au ciel qui nous fit deux fois frères :
L’une par la pensée et l’autre par le sang