Pourquoi chanter, ami, lorsque l’homme n’écoute
Que le son du métal, et qu’il va, délirant,
Comme un triste insensé, laisser indifférent
Ses lambeaux de croyance aux épines du doute ?
Bien longtemps j’ai voulu résister au torrent,
M’attacher aux rameaux dont s’ombrageait ma route ;
Mais des illusions le baume goutte à goutte
S’échappa de mon cœur pour suivre le courant.
À bien des chocs cruels ma lyre s’est brisée ;
A lutter sans espoir ma main s’est épuisée ;
J’ai fui le sol mouvant qui manquait sous mon pié :
Et si, barde vaincu, parfois je chante encore,
C’est qu’il reste en mon âme une corde sonore
Qui vibrera toujours au nom de l’amitié