Tous les marins vous raconteront la légende du vaisseau-spectre, de ce vaisseau de brouillard, monté par des fantômes, qui apparaît à l'improviste sur les flots, comme aux limites de l'horizon le nuage cuivré où couve la tempête. La tempête éclate ! toutes vos voiles se serrent, mais lui ne cargue pas les siennes ; il semble que l'orage soit son élément. Vous voulez fuir ! Vous fuyez sans l'éviter. Quelque manoeuvre que vous fassiez, le fatal navire est toujours là. Vous le voyez au nord ! Vous vous tournez vers le sud, et il vous fait face comme auparavant. À l'est, à l'ouest, il est toujours devant vous ; sa sinistre immobilité suit tous vos mouvements ; cette ombre ne vous quitte pas plus que la vôtre, et gouverne à la fois la mer et l'ouragan. De quel nom faut-il nommer ce vaisseau, qui ressemble au mal heur, et qui, présent partout, semble, impalpable qu'il est, tenir à lui seul tout l'océan ?
5 septembre