Débouclez-les, vos longs cheveux de soie,
Passez vos mains sur leurs touffes d’anneaux,
Qui, réunis, empêchent qu’on ne voie
Vos longs cils bruns qui font vos yeux si beaux !
Lissez-les bien, puisque toutes pareilles
Négligemment deux boucles retombant
Roulent autour de vos blanches oreilles,
Comme autrefois, quand vous étiez enfant,
Quand vos seize ans ne vous avaient quittée
Pour s’en aller où tous nos ans s’en vont,
En nous laissant, dans la vie attristée,
Un coeur usé plus vite que le front !
Ah ! c’est alors que je vous imagine
Vous jetant toute aux bras de l’avenir,
Sans larme aux yeux et rien dans la poitrine…
Rien qui vous fît pleurer ou souvenir !
Ah ! de ce temps montrez-moi quelque chose
En vous coiffant comme alors vous étiez ;
Que je vous voie ainsi, que je repose
Sur vos seize ans mes yeux de pleurs mouillés…