À l’heure où se voile la nuit
Tropique du Cancer
Il me revient en mémoire la saveur de très anciennes amours
En des cités où le Soleil ne se couchait que par intermittences
Pour prendre le deuil de la terre.
Et croyez-moi, Ô vous , marins du «Mogadiscio»,
C’étaient de fières amantes que nos amies d’alors.
À l’heure où tombe la nuit
Tropique du Cancer
Vite, si vite qu’on n’a aucune peine à se savoir sous de très basses latitudes,
Il me revient le souvenir de déchirures oubliées,
Car mes bonheurs eurent parfois de tragiques fins.
Peut-être vous les conterai-je quelque jour,
Car il n’est pas de secret qui ne se puisse partager.
Puis vint le temps où le Soleil cessa de se coucher…
Tropique du Cancer
Et les jours étaient longs et mornes
Ô si longs et mornes les jours
longs, longs sous leur blanche morsure
Et des bonheurs, seule la déchirure.
Je t’ai quitté
Tropique du Cancer
Pour les Pays des Hautes Terres Froides et des Nuits Sombres
Je t’ai quitté pour les tempêtes atlantiques et les aurores
Pour la chanson du vent sur les genêts au temps d’hiver.
Mon souvenir va vers toi
Tropique du Cancer
Quand s’effaçaient au loin les contours de Fuerteventura.
Alors, pour les marins du « Mogadiscio », venait l’heure,
Le moment furtif du regret
Jusqu’à ce que la première étoile se lève
Tropique du Cancer
Seulement la première étoile.