Les roses d’Ispahan
Jean-Pierre Villebramar

Poème Les roses d’Ispahan

Le petit homme triste compte les morts.
Dans la colonne de gauche, ceux qu’on voulait très effectivement tuer, dans celle de droite ceux qu’on ne voulait pas, les morts par erreur en quelque sorte.

Le Chef s’est demandé ce matin en regardant les comptes s’il fallait mettre à part les femmes et les enfants, le petit homme triste espère que non, cela lui ferait tout recommencer depuis le début, il est

SI LAS !

SI, LA

Voilà un chant (un champ !) d’oiseau qui monte du jardin parfumé de roses entre deux sifflements de fusées

Un champ d’oiseaux

SI, LA

SI, LA BAS,

le Général voulait bien arrêter de tuer par erreur, je n’aurais plus qu’une colonne [BLINDEE] (de chiffres) dit le vieil homme triste.
Les temps seraient très durs pour les comptables, les officiers, sous officiers, soldats et assistantes d’ingénieurs

SI LA

SI, LA BAS

Le Général voulait bien arrêter de tuer par erreur!
(Pourquoi diable des assistantes d’ingénieurs ?).

Les roses rouges dans un jardin d’Ispahan
Les roses rouges sur le sable près du visage des mourants

Un jeune merle siffle innocent insouciant
Un jeune merle provocateur, sifflant dans les jardins du Ministère de la Guerre d’Ispahan

Ecoutez le siffler, petits hommes tristes !