Federica Montseny
Jean-Pierre Villebramar

Poème Federica Montseny

à mon frère
à Ada Colau, Maire de Barcelone

«mi mirada, flor de rechazo»
mon regard, fleur de refus
Myriam Montoya

Sur son cheval, un paysan
Rouge sur son cheval blanc
galope
en route en route vers le front
d’Aragon.

Où sont nos amis, Federica ?
Où sont les camarades, les soldats, les militants, les ouvriers-soldats
de la CNT* ?

J’entends les avions de la Légion Condor.
Leurs bombes tombent sur le port, les écoles, les hôpitaux
de fortune.
Ne cherchons plus nos pauvres morts,
la Lune

tendrement porte en terre leurs os blanchis par les années
dans les Grands Cimetières*
de Georges Bernanos.

Barcelone s’est endormie. La paix est revenue.
Aux Pyrénées
les cols sont bleus de ciels d’été
moi j’ai des bleus
des bleus à l’âme.

Tant d’oubliés, tant d’humiliés
tant de morts et tant de blessés
les mécréants
à l’Église baissaient la tête.

Federica, à Barcelone, les filles et les femmes
de la Catalogne et d’Espagne
laissent flotter au vent leurs cheveux, leurs robes légères.
Elles ont les enfants qu’elles veulent, quand elles le veulent.

Pour elles j’ai livré combat.
Elles disposent de leur corps
qu’elles donnent à qui les aime et comme bon leur semble
et font l’amour au soleil de minuit
sur la plage
elles nous ressemblent
à nous, les militantes, les damnées
de la CNT

La graine que tu as semée
à Barcelone a pris racine
le ciel enfin devenu bleu
et la démocratie, tranquille.

À la frontière,
laissez passer les clandestins…

Sur son cheval, un paysan
Rouge sur son cheval blanc
galope
en route en route vers le front
d’Aragon.

« La blessure de l’homme est partout
blessure humaine
peut-on cerner, peut-on circonscrire
la douleur ? »
Gabriel Mwènè Okoundji
« Comme une soif d’être homme, encore. »