Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté
D’amour, et de douceur durant ce peu d’espace,
Que si de deus cens ans tu par-faisois la trace,
Nul plaisir est nouveau sous le ciel revouté :
Pour boire plusieurs fois le ventre degousté
N’en est de rien plus soul, la corruptible masse
De ce cors que tu traine, est semblable à la tasse
Qui ne retient pas l’eau que l’on luy a jetté.
Partant soit tost ou tard que le trait de la Parque
Du nombre des vivans au tombeau te demarque,
N’abandonne à regret le monde despourveu :
Tu vois tout en un an et ce que l’influence
Des saisons, et des tems plusieurs siecles avance,
N’est rien que le retour de ce que tu as veu