À beaucoup de danger est sujette la fleur,
Ou l’on la foule aux pieds ou les vents la ternissent,
Les rayons du soleil la brûlent et rôtissent,
La bête la dévore, et s’effeuille en verdeur :
Nos jours entremêlés de regret et de pleur
À la fleur comparés comme la fleur fleurissent,
Tombent comme la fleur, comme la fleur périssent,
Autant comme du froid tourmentés de l’ardeur.
Non de fer ni de plomb, mais d’odorantes pommes
Le vaisseau va chargé, ainsi les jours des hommes
Sont légers, non pesants, variables et vains,
Qui, laissant après eux d’un peu de renommée
L’odeur en moins de rien comme fruit consommée,
Passent légèrement hors du cœur des humains.