Je t’ai rêvée en la naïveté des choses,
Et j’ai parlé de toi aux plus vieilles d’entre elles,
À des champs, à des blés, aux arbres, à des roses. -
Elles n’en seront pas pourtant plus éternelles,
Mais d’elles ou de moi celui qui doit survivre
En gardera quelque douceur pour ses vieux jours…
Je m’en vais les quitter, puisque voici les givres.
Tu ne les connaîtras jamais… les temps sont courts…
Mais vous ne pouvez pas vous être indifférentes,
Simplement parce que je vous ai très aimées…
Ô les toutes petites et si vieilles plantes !
Moi qui ne me les suis jamais imaginées
Hors de leur sol natal, ce m’est un grand chagrin
De savoir qu’elles mourront sans t’avoir connue…
Elles ont des airs si résignés, si sereins,
Et si tristes de ce que tu n’es pas venue !…
Que mon coeur soit pour toi le grand champ paternel,
Où si tu n’es pas née au moins tu dois mourir.
Que je te plante en moi, germe de toute rose,
Pour oublier que tu vécus ailleurs qu’en moi. -
Et tu passeras moins qu’ont passé bien des choses. -