Au moment où Phébus en son char remontait,
Où la lune chassée à grands pas s’enfuyait,
Je voulus faire un peu ma cour à la nature,
Visiter les bosquets tout remplis de verdure,
M’égarer dans les bois et longer les ruisseaux,
Cueillir la violette, écouter les oiseaux.
C’était l’heure où le Dieu sortant de sa demeure
Laissait seule Thétis et fuyait devant l’heure.
Alors le jour naissait, dissipait le sommeil
Et trouvait le chrétien joyeux d’un bon réveil;
Alors le laboureur, plein d’un noble courage,
Allait tout aussitôt reprendre son ouvrage.
Je longeais en silence un mince filet d’eau
Qui coulait doucement sous un ciel pur et beau.
Tantôt il parcourait une plaine fleurie
Et faisait cent détours à travers la prairie,
Et tantôt dans son cours rencontrant un rocher,
Il amassait ses eux pour se précipiter.