Puisque, à peine désenlacée
De l’étreinte de mes deux bras,
Tu demandes à ma pensée
Ces vers qu’un jour tu brûleras,
Il faut, ce soir, que je surmonte
L’état d’adorable langueur
Où je rougis un peu de honte,
Tout en souriant de bonheur.
Pourtant je l’aime, ma fatigue.
C’est ton oeuvre, et le long baiser
De ta bouche ardente et prodigue
A pu seule ainsi m’épuiser ;
Et tu veux que je la secoue,
Petite coquette ! tu veux
Voir rimer les lys de ta joue
Avec la nuit de tes cheveux.
Tu veux que, dissipant le voile
Qui trouble mon cerveau si las,
Je dise tes regards d’étoile
Et ton haleine de lilas.
Mais la preuve, ô capricieuse,
Que je ne pense qu’à t’aimer,
C’est la fièvre délicieuse
Qui m’empêche de l’exprimer.
Ainsi, respecte ma paresse ;
Ton souvenir passe au travers.
Demande des baisers, maîtresse ;
Ne me demande pas des vers.