Il y eut trois filles blanches et belles
Qui vinrent portées sur le vent du Sud
Se poser près d'un lac en refermant leurs ailes,
Ainsi s'en vient,
Quand mollit l'hiver rude,
Le printemps prompt qui fleurit près des fiords ;
Et les eaux étaient bleues qui les miraient en elles
Et tièdes, car l'été suit le printemps du Nord,
Le rejoint sans effort
Et leurs pas se mêlent
Et sa joue s'en avive et la saison est belle.
Comme un rayonnement chaud et clair environne
La jeunesse qui s'éveille,
Ainsi au printemps rose se fond Tété vermeil :
Avril et Juin s'étreignent et la saison est bonne
Et le fruit et la fleur de l'amour sont pareils ;
Le rêve et la vie s'unissent comme en un conte ;
Avril et Juin s'enlacent et la saison est prompte.
Donc, ayant rejeté leur plumage de cygnes,
Elles baisèrent en l'eau leur nudité plus blanche
Et se fondirent en elle, mêlant le jeu des lignes,
Étreintes jusqu'aux hanches
Par la tiédeur bleutée et mobile autour d'elles,
Et riaient enlacées ;
Puis, nageant à l'envi de leurs bras étonnés,
Elles se sentaient des ailes
Moins agiles et plus vite lassées.
Et voici que, flottant, elles croyaient planer.
Elles s'interpellaient :
Ervare l'Alvitte, toute blanche! et Oline!
Et Lodrune, à la blancheur de cygne !
Et leurs jeux les mêlaient à l'écume;
Elles se tenaient la main,
Puis plongeaient, l'une et l'une,
Ou se dressaient, soudain !
Hors des flots, jusqu'aux hanches,
Élancées !
En un éclat de rire envolé
Et se faisant des signes,
Toutes blanches,
De leurs beaux bras levés.