Mon encre est un poison, ambré, riche et subtil,
Qui coule dans mon sang puis lentement se fige
Au bout de mes doigts bleus que ma douleur corrige
D’une harpe de mots dont je tisse le fil.
Mes livres sont remplis d’images en exil,
D’où rugissent parfois un rire et sa voltige
Comme des confettis lancés sous la volige
Par des mains inconnues dont j’effleure le cil.
Et sur le marbre gourd de mes draps de velours,
Je griffe des baisers dont ma lèvre se grise
Pour étouffer le temps à l’orgueil des vautours.
De l’aethuse en fleur je bois alors la sève,
Inondant ma passion d’une riche surprise,
Que j’ouvre, le cœur fou, au milieu de mon rêve.