Ô traistres vers, trop traistres contre moy,
Qui souffle en vous une immortelle vie,
Vous m’apastez et croissez mon envie,
Me déguisant tout ce que j’apperçoy.
Je ne voy rien dedans elle pourquoy
A l’aimer tant ma rage me convie :
Mais nonobstant ma pauvre ame asservie
Ne me la feint telle que je la voy.
C’est donc par vous, c’est par vous traistres carmes,
Qui me liez moy mesme dans mes charmes,
Vous son seul fard, vous son seul ornement,
Ja si long temps faisant d’un Diable un Ange,
Vous m’ouvrez l’oeil en l’injuste louange,
Et m’aveuglez en l’injuste tourment