De l’avenir, rien n’est promis.
Mais entre-temps, chantez, fillettes !
Nombreux éviers. Miroirs. Tout brille.
Portes cachant sièges-cuvettes.
Bruits d’eau. Tintement de piécettes.
Et puis ce mot sans fin redit : « Merci ».
Dans ce salon de lieux d’aisance
où les odeurs et les essences
se combattent en catimini,
vers quels ailleurs vont vos errances ?
Vous fûtes belle, Dame-pipi !
Qui vous mit en ce paysage ?
Quel tour du sort ? Quelle ironie ?
De quel airain est le rivage
où vous prenez refuge, appui ?
Sous le blanc soleil des néons
illuminant murs et plafonds,,
ressassez-vous mortes-saisons
entre serpillières et torchons ?
Vous fûtes belle, Dame-pipi !
Et craignez-vous (constante angoisse !)
de voir paraître en cet espace
quelque témoin d’un temps fini,
là, tout soudain, figé sur place ?
Redoutez-vous qu’ouvrant la porte
par où tous ces gens entrent et sortent
surgisse un jour l’ancienne amie ?
Le hasard a des coups qui portent !
Vous fûtes belle, Dame-pipi !
C’est fait !… Ce fut !… C’est arrivé !…
La mer a de sournoises lames.
Nul n’aurait deviné le drame
Si peu serait à raconter…
De part et d’autre une émotion
doublée d’un embarras sans nom.
La vie parfois a des façons !
Indélébile, l’instant qui fuit…
Vous fûtes belle, Dame-pipi !
Pourtant, penchée sur la lunette,
le front brûlant, tempes en tempête,
vous offrîtes la place nette
comme en un jour cent fois vous faites…
Dès lors les mois vous font plus grise.
Faciès où tout trait se durcit.
Lèvres nouées. Trois poils qui frisent
au creux de joues jadis exquises…
Vous fûtes belle, Dame-pipi !
Vous fûtes belle ? Songes bannis !
Et de l’emploi enfin la tête !
La hargne prête ! L’oeil aux piécettes !
Jurons rentrés à chaque oubli !
Mercis sifflants !… Étrange fête…