Jardins d’ouvriers
Didier Venturini

Poème Jardins d’ouvriers

Près de l’ancienne usine
Sur un petit îlot
Des jardins de terre fine
Respirent au fil des eaux

Des hommes les ont tissés
Dans l’oubli du ciment
Sur les bords rapiécés
De ces morceaux de temps

Sous les couleurs des fruits
Dans l’odeur des étés
Ils renonçaient au bruit
Des gros marteaux d’acier

Et le bonheur poussait
De semis en récoltes
Toute cette vie chahutait
A deux pas de nos portes

Les jours s’enracinaient
Dans ce sol retrouvé
Sous l’herbe qui accueillait
La lente fécondité

Au langage des lunes
Ils parlaient d’infini
De silence dans les brumes
Et de vent dans la nuit

Sous ces cieux infusés
De tremblantes illusions
Ils venaient ramasser
Leurs airs de floraisons

Quand la pensée des pierres
Sous leur blason de sel
Mûrissait hors de terre
Une envie de soleil

Et les songes de calcaire
Dans l’aube des mémoires
Interrogeaient l’espoir
Des croissances millénaires