Tombez, ô perles dénouées,
Pâles étoiles, dans la mer.
Un brouillard de roses nuées
Émerge de l'horizon clair ;
À l'Orient plein d'étincelles
Le vent joyeux bat de ses ailes
L'onde que brode un vif éclair.
Tombez, ô perles immortelles,
Pâles étoiles, dans la mer.
Plongez sous les écumes fraîches
De l'Océan mystérieux.
La lumière crible de flèches
Le faîte des monts radieux,
Mille et mille cris, par fusées,
Sortent des bois lourds de rosées ;
Une musique vole aux cieux.
Plongez, de larmes arrosées,
Dans l'Océan mystérieux.
Fuyez, astres mélancoliques,
Ô Paradis lointains encor !
L’aurore aux lèvres métalliques
Rit dans le ciel et prend l’essor ;
Elle se vêt de molles flammes,
Et sur l’émeraude des lames
Fait pétiller des gouttes d’or.
Fuyez, mondes où vont les âmes,
Ô Paradis lointains encor !
Allez, étoiles, aux nuits douces,
Aux cieux muets de l’Occident.
Sur les feuillages et les mousses
Le soleil darde un oeil ardent ;
Les cerfs, par bonds, dans les vallées,
Se baignent aux sources troublées,
Le bruit des hommes va grondant.
Allez, ô blanches exilées,
Aux cieux muets de l’Occident.
Heureux qui vous suit, clartés mornes,
Ô lampes qui versez l’oubli !
Comme vous, dans l’ombre sans bornes,
Heureux qui roule enseveli !
Celui-là vers la paix s’élance :
Haine, amour, larmes, violence,
Ce qui fut l’homme est aboli.
Donnez-nous l’éternel silence,
Ô lampes qui versez l’oubli !