L’airain avait sonné l’hymne pieux du soir.
Sur les temples de Rome, où cessait la prière,
La lune répandait sa paisible lumière;
Au Forum à pas lents, triste, j’allai m’asseoir.
J’admirais ses débris, ses longs portiques sombres,
Et clans ce jour douteux, par leur masse arrêté,
Tous ces grands monuments empruntaient de leurs ombres
Plus de grandeur encore et plus de majesté;
Comme l’objet absent, qu’un regret nous rappelle,
Reçoit du souvenir une beauté nouvelle,
Mon luth, longtemps muet, préluda dans mes mains,
Et sur l’air grave et doux dont le chant se marie
Aux accents inspirés des poètes romains,
Cet adieu s’échappa de mon âme attendrie;
Je les pleurais tous deux, et je sentis ma voix
Mourir avec leurs noms sur mes lèvres tremblantes;
Je sentis les accords s’affaiblir sous mes doigts,
Pareils au bruit plaintif, aux notes expirantes
Qui se perdent dans l’air, quand du Miserere
Les sous au Vatican s’éteignent par degré.
Jaloux pour mon pays, je cherchais en silence
Quels noms il opposait à ces noms immortels;
Il m’apparaît alors, celui dont l’éloquence
Des demi-dieux romains releva les autels;
Le Sophocle français, l’orgueil de sa patrie,
L’égal de ses héros, celui qui crayonna
L’âme du grand Pompée et l’esprit do Cinna;
Emu d’un saint respect, je l’admire et m’écrie;