Le premier qui me dit des mots qui me plais’nt pas
Je l’attrape au kolback et j’y file un’ mandale,
J’fais quatre vingt kilos et tâtez, y a pas d’gras !
Et c’est moi qu’on appell’ la Pierrette, à Pigalle.
J’ai 42 balais et j’ai 10 ans d’Légion,
Et si j’aim’ les bas d’soie et les talons aiguille,
L’premier qu’est pas content, je les lui plante au fion !
Quoiqu’de mon naturel, je soye plutôt bonn’ fille.
C’qu’i’ faut pas dans la griv’ c’est l’imagination,
On se vir’ sa cuti, comm’ ça, comm’ qui rigole,
Avec le temps qui passe on se chop’ des passions,
On commenc’ comm’ caïds, on se r’trouv’ chez les folles,
Et pis quoi ? Du moment qu’on est bien dans sa peau,
C’est plutôt rigolo de chanstiquer ses fringues,
De s’coller des perlouzes… C’est p’t’-êt’ con, mais c’est beau !
Sans c’truc-là, dans l’désert, moi je s’rais dev’nu dingue.
Alors il faut comprendre… Quand t’as joué les costauds
Pendant dix ou quinze ans, un beau jour t’en as classe,
Tu cherches ailleurs… Tu trouves ! Et pis tu chang’s de peau ;
Mêm’ de s’fair’ mett’ un peu, je te jure, ça délasse.
Ceci dit, moi je tiens à ma virilité,
Si j’me sape en gonzesse, c’est pas tell’ment qu’ j’adore,
C’est que ma clientèle, y a qu’ça pour l’exciter…
Alors je fais c’qu’i’faut, c’est plutôt du folklore.
Et pis moi sur la peau j’ai que d’l’Yves Saint-Laurent,
Je supporterais pas des trucs qui soyent vulgaires,
C’est comm’ ça que je m’fais dans les 20 briques par an,
Je n’me faisais pas ça quand j’étais militaire ;
Le seul dram’ de ma vie, c’est que mon p’tit ami,
Il a vingt ans d’moins qu’moi, j’ai peur qu’i’s’fass’ la malle,
C’est pas son intérêt, j’l’ai prév’nu, j’y ai dit !
Tout l’mond’ saurait qui c’est la Pierrette… à Pigalle