Le média Interlude a récolté des données via Genius, et ce vendredi sera le 2ème plus chargé de l'année avec 20 sorties au total. La palme d’or est à décerner au 26 juin et ses 22 sorties tandis que le 27 novembre cumul 20 sorties et le 27 mars 16 sorties. Bien la totalité de ses albums ne sont pas du même niveau et n’ont encore moins pas la même visibilité. Mais si on additionne uniquement ces jours, on obtient le nombre de 58 projets. Un chiffre astronomique quasiment indécent.
Un auditeur moyen ne retiendra que 10 a 20 album dans l’année et cela vaut uniquement pour les passionnés, la plupart des auditeurs ne retiennent qu’un single ici et là. On a du mal à se retrouver et c’est même impossible de tout écouter. On pourrait alors se dire que les artistes vont chercher l’innovation, crée, expérimenté ou du moins tenter de se démarquer. Malheureusement il n’en n’est rien.
Quel est le dernier grand album de rap français ou du moins qui a marché commercialement sans voir dans sa tracklist Niska, Maes, Jul, PLK ou Heuss ? Quasiment aucun à part des rares exceptions qui sont sans surprises gages de qualités. On pense par exemple à Laylow, PNL ou encore Freeze Corleone qui ont su crée des albums à leurs images et sans suivre un courant musical, mais en créant leur propre monde.
La course à la popularité et au streaming a même amené des non-sens musicaux. Outre le fait que la personnalité d’Hatik soit controversée et que le rappeur soit agacent, c’est plutôt sa proposition musique qui doit être remise en cause. Le rappeur à sortie tellement de rééditions de son projet Chaise Pliante contient 48 morceaux et 2 heures 32 minutes. Un non-sens musical. Une reddition peut être intéressante sur de rares projets. Néanmoins, la plupart du temps, les rééditions sont justes pour chercher des certifications et un hit supplémentaire. Dinos a sorti les inachevés, alors certes le projet n’est pas mauvais et la reddition non plus, mais le symbole est fort. Dans une œuvre aussi personnelle que la musique, Dinos se permet de rajouter des titres « inachevés ».
Et si on a la chance de ne pas avoir une reddition, on a le droit à la méthode à la Jul. Une technique qui repose sur le fait de sortir plusieurs albums, projet par années. Naps a récemment déclaré vouloir sortir 3 projets par an après la fin de son contrat avec son label. Encore un bon sens musical, comment sortir un projet de qualité quand on sort 3 projets sans réfléchir. L’argent est devenu le nerf de la guerre et ce n’est pas nouveau. Nonobstant l’envie d’argent et de succès les rappeurs avaient au moins le mérite de sortir des projets cohérents ou du moins de faire semblent.
Le public est lui aussi devenu accro à tout ce qui concerne les chiffres de ventes et des classements en général. Comme si la musique était devenue un championnat et qu’on pouvait quantifier le talent en chiffres. Des médias sont même spécialisés dans les chiffes et on n’attend même plus les chiffres de la première semaine, mais ceux du mid-week pour juger un projet.
Il suffit d’écouter le top 50 pour se rendre compte de la soupe sans goût qu’on nous sert à longueur de journée. Néanmoins, la surproduction musicale a aussi ses avantages.
De nombreux artistes qui faisaient uniquement de la musique dans leurs chambres, on trouve une communauté. Des projets de grande qualité sortent régulièrement, on pense par exemple à Gaura, KOLAF ou encore Vide. La proposition musicale française n’a jamais été aussi vaste et intéressante. 2020 pourrait bien être l’année du renouvellement entre un public lassé par les têtes d’affiches et une nouvelle génération qui ont une musique et une personnalité différente.
La surproduction favorise aussi les collaborations. On a eu le droit au très bon 13 Organisé ou encore à des connexions surprenantes mais efficace. La musique n’est pas en train de mourir, mais plutôt de réinventer et on est à l’aube d’un nouvel arc musical qui risque d’être très intéressant. Il faut espérer que les artistes prennent en exemple des albums comme Trinity ou Deux frères et ne se laissent pas avoir par les sirènes dorées du succès. Faire un album qui marche, c’est bien, mais faire un album qui marque des gens et une génération, c’est mieux.
Il ne faut pas omettre que le client est roi et l’auditeur décide de ce qui marche. La responsabilité est collective et on nous propose ce qui marche. Pour l’instant Ninho, récupère un single d’or chaque jeudi et Hatik a plus de 2,5 millions d’auteurs par moi, vivement la suite.
Du côté américain le problème est le même. Chaque jour, un nouvel artiste devient une star mondiale, pour le meilleur comme Juice Wrld ou pour le pire avec Lil Pump. La course aux chiffres et aux records est devenue plus importante que la qualité même de la musique. Il suffit de voir à quel point la musique de 6ix9ine établit de record. Alors qu’on sait tous que l’artiste est plus fort derrière une caméra que derrière un micro.
Pour conclure, chacun consomme et vit la musique comme il l’entend. Il n’y a pas de règle ou de constitution pour ça. Néanmoins, il semble intéressant de réfléchir à sa consommation et au futur de l’industrie pour la rendre meilleure. De nombreux critiques inondent les réseaux sociaux et une rupture radicale entre les auditeurs passionnés et les artistes commencent à voir le jour. En l’espérant sur l’avenir soit meilleur.