Dans la rue ell’s vont titubant,
Et transportent, cahin-cahant,
Des bras, des jambes et des flancs
D’hippopotame ;
Et, sur l’devant d’leur batiment
Il faudrait un rud’ raval’ment
Pour qu’ell’s se trouv’nt à l’align’ment,
Les bonn’s gross’s dames.
Ell’s ont la tête tout en rond;
On croirait voir un potiron
Ou le dôme du Panthéon,
Quand on les r'garde.
Ell’s ont l’teint couleur vin d’Bercy;
On dirait l’derrièr' cramoisi
D'un p'tit enfant qui s' s'rait assis
Dans d’la moutarde.
Quand ell’s cour'nt après l’omnibus,
Ell’s grimp'nt avec des airs fourbus,
Disant : "Vraiment, je n'en peux plus.
Faut qu'on arrête"
Puis ell’s s'écroul’nt avec fracas;
Un tas énorm' qui n'se tient pas.
On cherch' de l’œil s'il n'en gliss' pas
Sous la banquette.
Quand d'leur corset ell’s ôt'nt l’étau,
Ell’s font la pige aux Grandes eaux
D' Versailles ou du Trocadéro,
Tant y a d'cascades.
Ça va, ça vient, ça n'est pas dur,
Ça fluctuat, ça mergitur;
On dirait un pot d’confitur'
Ou d'marmelade.
Enfin, quand ell’s entr'nt dans leur lit,
Tout ça s'étale et s'aplatit
Aux yeux du mari qui se dit :
"Fâcheuse affaire !
"Puisqu'il faut en passer par là,
"Pour m'consoler, pendant c'temps-là
"J'vais tâcher d’rêver qu' j'épouse la
"Reine d'Angleterre !!"
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