Coup dur pour J.Cole, qui après avoir fait un bad buzz phénoménal sur les réseaux sociaux avec son titre Snow On Tha Bluff, se prend une réponse pour le moins virulente de celle qu’il a critiqué dans son morceau. Noname n’est pas prête de se laisser faire face au rappeur de la East-coast, et sort un titre d’à peine plus d’une minute, Song 33, son premier morceau de 2020. Evidemment, la chanson ne se contente pas de répondre à son détracteur, mais s’inscrit également pleinement dans une logique militante en lien avec Black Lives Matter.
« I saw a demon on my shoulder / It’s lookin’ like patriarchy »
« J'ai vu un démon sur mon épaule/On dirait le patriarcat »
Il n’est pas difficile de comprendre que le principal concerné par ces lyrics tranchants et accusateurs est J.Cole lui-même. En effet, les paroles de sa chanson Snow On Tha Bluff ont suscité la colère des militants antiracistes, car le ton employé tourne en dérision Noname, qui avait pointé du doigt l’inaction et le silence des têtes du rap américain face à la mort de Georges Floyd, un homme noir américain assassiné par le policier blanc Derek Chauvin.
Le rappeur tourne en dérision la jeune femme, la désignant ironiquement comme une « reine ». Son couplet est considéré comme rabaissant, et rentre dans un système patriarcal largement dénoncé par les féministes. Hors de question pour Noname de laisser passer ces dires la moquant - laissant entendre qu’une femme serait incapable de dire des choses pertinentes.
« He really ‘bout to write about me when the world is in smokes ? / When it’s people in trees ? / When George was beggin’ for his mother saying he couldn’t breathe / You thought to write about me ? »
« Il a vraiment voulu écrire sur moi quand le monde est en fumée ? / Quand il y a des gens dans les arbres ? / Quand George suppliait sa mère en disant qu'il ne pouvait pas respirer / Tu as pensé à écrire sur moi ? »
Plus encore, le point de Noname est de dénoncer le caractère futile du drama que le rappeur américain a engendré alors même qu’il aurait fallu se pencher sur les véritables problématiques que soulèvent les évènements et la lutte Black Lives Matter. Des affaires d’égo n’auraient ainsi rien à faire au coeur d’une chanson qui se veut militante.
C’est pourquoi elle aborde des sujets véritablement importants à son sens sur la seconde partie du son, notamment au sujet d’une abolition du système policier et avec l’espoir de collectivement participer aux fondations d’un avenir meilleur, car les agissements de leur génération sont à son sens ceux qui permettront à la génération future de vivre dans de meilleures conditions. Elle appelle à l’éducation, à la lecture sur ces sujets, et invite son détracteur à faire de même.
J.Cole a visiblement bien compris la leçon, puisqu’il a salué sa réponse en tweetant le lien de la chanson. Belle réplique de la rappeuse américaine, qui a fait taire son détracteur dans les règles de l’art. Chapeau bas.
Mise à jour du 23 juin 2020 : A peine deux jours après la sortie de son morceau, Noname a manifesté un certain regret d'avoir écrit une chanson en réponse aux attaques de J.Cole. Elle s'exprime sur Twitter à ce sujet, ayant eu le sentiment de rentrer dans un jeu d'égo qu'elle reprochait à son opposant. « I’ve been thinking a lot about it and i am not proud of myself for responding with song 33. […] my ego got the best of me. i apologize for any further distraction this caused » ("J'y ai beaucoup pensé, et je ne suis pas fière de moi pour avoir répondu avec Song 33. [...] Mon égo a pris le dessus. Je m'excuse pour toute autre distraction que cela a pu causer") écrit-elle sur Twitter. Visiblement le conflit est définitement enterré de part et d'autre, pour mieux avancer dans la même direction : la lutte antiraciste. Une belle preuve de maturité de la part de J.Cole comme de Noname !