J'vous ai donné parfois le pire
Et pourtant le meilleur de moi
J'vous ai tricoté des avenirs
Et malgré tout vous prenez froid
Malgré mon lourd vocabulaire
Je suis souvent à court de pages
Je me sens sèche comme un désert
Je suis plus courte que vos voyages
Vous avez soif de plus que moi
Vous êtes plus riches que ce que j'vaux
J'ai beau faire gaffe, je n'atteins pas
Le bon langage, le bon niveau
J’vous ai donné tout c’que je suis
Et j’vous promets c’que j’deviendrai
C’est un cadeau mais comme on dit
Il faut en prendre et en laisser
Les balançoires sont éternelles
Comme ma main sur votre dos
J'aime bien vous pousser vers le ciel
Mais j’crains d’vous voir tomber de haut
Et quand vous glissez d’l’horizon
C'est mon vieux cœur qu'on met dans l'plâtre
Vous, vous secouez vos pantalons
Et vous y retournez à la hâte
Vos convictions sont belles à voir
Elles font même trembler mes doutes
J’suis pas l’auteure de vos histoires
Ma plume n'en pleure que quelques gouttes
Je vous propose ma direction
Mais vous n'en avez rien à foutre
Et puis vous avez bien raison
À voir l'état de mes déroutes
Je s’rai toujours là comme je peux
J’m’entends dans vos éclats de rire
J’vous ai légué c’que j’avais d’mieux
Vous avez j’té c’que j’avais d’pire
Quand vous priez vos tout p’tits dieux
Perdus dans vos géants silences
Vous m’ressemblez un tout p’tit peu
C’est juste assez comme ressemblance
Car votre vie, j'vais pas l'écrire
Vous êtes en charge de vos rêves
Et les plus larges de vos sourires
Ne vont pas naître sur mes lèvres
Ce que j'admire votre courage
Faut pas l'salir avec mes craintes
On n’habite pas le même étage
On n’s’habille pas dans les mêmes teintes
Dans l'noble but d'vous protéger
Contre c'qui m’a rendue malade
C'est con, j'me tue à vous gaver
D'mes indigestes mises en garde
Et quand j'vous vois porter mes peurs
Comme des foulards qui vous étranglent
Tout c'que j'vous souhaite comme chaleur
C't'à cause de moi si elle vous manque
Il faudra bien un jour ou l'autre
Que je me mêle de c'qui me r'garde
Qu'j'arrête de croire que c'est d'ma faute
Quand votre humeur devient maussade
Vous avez droit à vos épreuves
À vos intimes expériences
J'peux essuyer vos yeux qui pleuvent
Mais pour le reste, j'vous fais confiance
Les balançoires sont éternelles
Comme ma main sur votre dos
J'aime bien vous pousser vers le ciel
Vous êtes libres comme des oiseaux
Il n’y a qu’en s’envolant, les belles
Que l’on peut apprendre à tomber
Ça s’peut qu’vous vous cassiez les ailes
Mais je s’rai là pour vous soigner
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