C’était un lieu charmant, une roche isolée,
Seule, perdue au loin dans la bruyère en fleur;
La ronce y rougissait, et le merle siffleur
Y jetait les éclats de sa note perlée.
C’était un lieu charmant. Là, quand les feux du soir
Empourpraient l’horizon d’une lueur mourante,
En écartant du pied la luzerne odorante,
Tout rêveurs, elle et moi, nous allions nous asseoir.
Ce qui se disait là d’ineffablement tendre,
Quel langage enchanteur pourrait le répéter!…
La brise se taisait comme pour écouter;
Des fauvettes, tout près, se penchaient pour entendre.
Propos interrompus, sourires épiés,
Ces serrements de coeur que j’éprouvais près d’elle,
Je me rappelle tout, jusqu’à mon chien fidèle
Dont la hanche servait de coussin pour ses pieds.
O mes vieux souvenirs! 0A
mes fraîches années!
Quand remonte mon coeur vers ces beaux jours passés,
Je pleure bien souvent, car vous m’apparaissez
Comme un parquet de bal jonché de fleurs fanées.
Le temps sur nos amours jeta son froid linceul…
L’oubli vint; et pourtant – colombes éplorées -
Vers ce doux nid, témoin de tant d’heures dorées,
Plus tard, chacun de nous revint souvent… mais seul!
Et là, du souvenir en évoquant l’ivresse,
Qui cherchions-nous des yeux? qui nommions-nous tout bas?
- L’un l’autre, direz-vous? – Oh! non : c’était, hélas!
Le doux fantôme blanc qui fut notre jeunesse
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