O mes chers vieux amis, à l’époque trop brève,
Et pour moi disparue, hélas ! depuis longtemps,
Où l’on voit devant soi l’avenir qui se lève
Comme un soleil joyeux sur l’azur du printemps ;
Quand j’étais jeune, enfin, j’avais fait ce doux rêve
D’une existence entière ― oui, de tous les instants ―
Aube sans lendemain qui commence et s’achève
Dans la naïveté des amours de vingt ans.
Je ne réclame point. La vie est bonne mère :
Elle mit sur ma route, en brisant ma chimère,
Une assez large part de bonheur en retour ;
Mais sans trouver en rien la destinée injuste,
Je salue, attendri, votre vieillesse auguste
Qui sut réaliser mon beau rêve d’un jour
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