Tu es né vingt ans après moi et j’aurais pu, peut-être un soir, te bercer, enfant, dans mes bras pour apaiser ta peur du noir.
Qu’auras-tu fait de cette enfance à partager la marmelade ou à subir les turbulences qui te firent craindre tes camarades ?
As-tu au moins connu l’amour quand un désir te faisait fondre, l’intensité du fil des jours, la pluie glacée au coeur de Londres ?
As-tu connu, plus grand garçon, cette fière morsure dont on se pare : baiser brûlant, premier suçon dans une étreinte à Russell Square ?
Auras-tu lu Harry Potter ou appris à jouer au cricket, posé tes yeux sur
Westminster, connu par coeur dix vers d’Hamlet ?
As-tu grandi en porte-à-faux entre deux portes et deux cultures ?
Quoi donc, ou qui, te fit défaut pour conduire à ta démesure ?
Homme-objet que l’on manipule, garçon fragile déboussolé, ils firent de
toi une pendule qu’une heure précise a fait voler.
Tu es né vingt ans après moi, je viens d’apprendre que tu es mort, entraînant tant d’autres avec toi, c’est dégueulasse, tu as eu tort !
A quoi t’aura servi la vie en lui offrant ta brève enfance ?
A quoi si ce n’était l’envie de faire le vide avec violence ?
Et puis plus rien à part le temps qui fait sa ronde et compte les heures, nous éloignant de cet instant que tu as rêvé salvateur.
Adieu, c’est fait, t’as disparu ; c’est triste en fait beaucoup sont morts.
Big Ben de glace tient la battue, raisonne la peur et compte les corps.
Tu es né vingt ans après moi et j’aurais pu, peut-être un soir, te bercer, enfant, dans mes bras pour t’éviter un désespoir.
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