Ça ne pousse pas dans les jardins
Ça n’fleurit pas au p’tit matin
Les grenades
Ça n’peut pas s’donner à manger
Aux moineaux, à l’heure du berger
Les grenades
Oui, mais ça s’cueille en toute saison
Printemps, hiver, automne, été
Et qu’on ait tort, ou bien qu’on ait raison
Tout le monde est à égalité
Face aux grenades
Ça s’conserve indéfiniment
Ça peut servir à tout moment
Les grenades
Ça ne craque pas sous la dent
Car il n’y a pas de pépins d’dans
Les grenades
Mais quand c’est mûr, c’est bon à en mourir
On en mangerait jusqu’à la fin du monde
Mais quand c’est mûr, ça n’se laisse pas périr
On en reveut sans perdre une seconde
Les grenades
Ça se laisse bien cultiver
Y’a pas d’raison de s’en priver
Des grenades
Ça pousse partout, vaille que vaille
Et surtout dans les champs d’bataille
Les grenades
Et tant de pleurs les ont baignées
De guerre lasse en lasse guerre
Qu’elles sont les fruits les plus soignés
De tous les plus beaux fruits d’la terre
Les grenades
Ça fleure bon le fruit défendu
Ça n’a pas l’goût de la vertu
Les grenades
Et si l’serpent rev’nait un jour
Il prendrait comme pomme d’amour
Une grenade
Alors le ciel, qui n’existe pas
Éclaterait comme un feu d’artifice
L’enfer y aurait son bénéfice
Et moi, j’vendrais encore des tas
De grenades
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