Après les succès de ses séries de freestyles enragés Acharné puis Vérité, voici le premier album d’ISK !
Le rappeur de La Ferté-sous-Jouarre nous livre un album d’une grande qualité. Fort de son écriture de très haut niveau, de sa prestance dans l’interprétation plein d’émotions, de sa technique de rap implacable, il revient nous dire ses vérités sur sa vie dans la street, son vécu sombre derrière des paroles percutantes et authentiques.
« J'vais t'parler concrètement : certains rappeurs, ils s'donnent un rôle, ils portent un déguisement
Moi, j'te raconte c'que j'ai vécu et c'que j'vis tous les jours
Le bonheur m'a craché d'ssus, l'malheur, un bisou sur la joue
Ces chiens, ils veulent rayer mes jantes, m'pousse pas à devenir méchant
14 ans, dans ma chambre, j'comptais déjà des sommes alléchantes »
Pour ce faire, le jeune rappeur du 77 s’est logiquement entouré de kickeurs en la présence de Sofiane, Alonzo, Niro, DA Uzi et UZI.
En parlant de kickage, le premier morceau, Tchernobyl, vient clairement nous envoyer un coup derrière la nuque d’entrée !
« Le niveau est élevé, écriture de Molière, j'aime pas trop la nature donc je fais pas l'école buissonnière (pah)
Et j'ai l'cœur allégé quand j'finis la prière, car aujourd'hui, j'suis devant toi, demain, peut-être dans un cimetière (peut-être) » ISK – Tchernobyl
La prod est glaciale, le rappeur déchainé, les punchlines pleuvent, le vécu est sombre et on le ressent directement en mettant un premier pied dans ce projet !
« On était dans la street quand tu faisais des dabs donc nos daronnes pleurent quand ils cassent le B
Aujourd'hui, j'suis loin d'ça, j'me suis mis au rap ou l'daron m'aurait déjà renvoyé au bled
J'mets du Footkorner et du crocodile, starfoullah, leur dégaine, elle est catastrophique
Quand j'rappe, ça fait l'effet Tchernobyl, j'annonce la couleur, tout l'monde applaudit » ISK – Tchernobyl
Et la pression ne va pas retomber de sitôt après ce premier titre. Le suivant, Sakrane est dans la même essence, un titre surpuissant sur lequel le rappeur dégage une atmosphère sombre, racontant une nouvelle fois le quotidien du charbon.
« Vers chez nous, c'est bre-som, mental compétition, vente de drogue, agression, on cherche la perfection
Y a les porcs, baisse le son, aucune conversation, OPJ, immersion, surveille ton cellulaire
Si tu veux pas finir au hebs, maltraitait comme un [clebs ?], pour v'-esqui les enquêtes, aller-retour au bled
On sait tous que l'argent rapporte des problèmes, pourtant, on en veut toujours plus que la veille
Bâtiments délabrés, on a grandi avec, misère de chez nous visible par un aveugle
J'viens d'là où on peut t'faire un câlin et t'cracher d'ssus après
Ici, y a rien d'choquant » ISK – Sakrane
Après les deux premiers morceaux vraiment pesants, leurs paroles crues et des atmosphères glaciales, la pression redescend un peu sur le morceau suivant en featuring avec Uzi ; Chez nous.
Un morceau ou la mélo vient clairement apaiser un début d’album ou la rage déferlait.
On y retrouve en guest un Uzi toujours aussi performant sur ce créneau mélodieux ! Un titre qui emmène doucement sur Sales Histoires, un morceau dans la même essence, ou les mélos planantes viennent apaiser le feu du début d’album.
Il est de coutume au sein du rap FR de dire que Niro est injouable en featuring avec ses couplets tous plus percutants les uns que les autres, on sait à quel point le titre entre Ninho et Niro fut relevé en termes de niveau technique, récemment c’est Gims qui révélait qu’il fut impressionné par le niveau de son invité sur Ceci n’est pas du rap.
C’est donc un défi de taille que ISK a voulu relever en collaborant avec Niro sur l’excellent Plus le temps. Un morceau ou la technique des 2 kickeurs est mise en avant à côté de refrains plus léger sous autotunes.
Ce morceau va d’ailleurs marquer un tournant dans le projet, introduisant plusieurs titres « hybrides » associant le kickage et l’énergie des premiers titres avec la mélo et l’autotune des 2 derniers cités.
Cela nous donnera quelques excellents morceaux comme Vendetta qui est un gros coup de cœur chez nous ou Quitter l’ecole avec Alonzo qui est également très bon dans ce registre.
Dans sa globalité, si nous en ressortirons une conclusion extrêmement positive de ce projet, c’est également en partie grâce à la diversité sur les sonorités proposées dans les instrumentales.
Ainsi, on peut retrouver ISK sur un délire Afro Beat avec Trou à Rat ou Mon alliée, un morceau à l’opposé des titres kickés et énervés.
Dans ce registre on remarquera également une deuxième tentative avec Ou je suis. Un morceau mélancolique plein d’émotions.
Le rappeur du 77 s’est même essayé à un titre club avec Le Billet. Et pour le registre proposé, il faudra saluer la qualité du morceau !
Le refrain est simple et efficace, sans pour autant bâcler les couplets qui restent intéressants à écouter ! Un morceau plein d’énergie sur lequel devrait compter les DJ’s si les boites de nuit rouvrent un jour...
Même lorsqu’on reste sur un style plus classique Trap, les prods restent de grosse qualité, à l’image de Fazer, en featuring avec YL. Un morceau entre kickage et mélo qui viendra clore ce projet de la meilleure des manières !
On restera sur une très bonne note, plus douce, après avoir commencé en trombe. Pour un premier album c’est clairement du haut niveau, on ressent une certaine maturité artistique chez ISK mais également humaine derrière des paroles censées et authentiques.
Le rappeur du 77 lance ainsi sa carrière de la meilleure des manières ! Félicitations à lui pour ce projet qui devrait se placer parmi nos coups de coeurs cette année.