Sur un format relativement court, ce projet définit parfaitement le style du rappeur. Des prods Boom Bap pures, un storytelling unique autour de son quotidien dans son périmètre. Périmètre c’est le 2 ème morceau du projet et pour Hugo cela définit le 18eme arrondissement, son quartier.
« Y a rien qu'a changé ici, c'est toujours pareil
Juste plus d'abrutis p't-être »Hugo TSR – Sensei
L’ambiance du projet est comme à son habitude ponctuée de mélancolie, de tristesse et de colère. Une dernière émotion que l’on retrouve sur Cœur Brave
« Beaucoup d'colère, humeur mauvaise
J'suis soupe au lait même sous pollen
J'suis passé par la p'tite fenêtre
Toujours pas d'paradis
Connard tu sais tu parles à qui
Dans la légende comme Art Aknid »Hugo Tsr – Cœur Brave
Aucun morceau autotuné et des punchlines aiguisées. Un sens de la formulation atypique, très imagée. Un vrai bijou pour tout amateur de rap.
« Senseï, toujours en force, la rage, j'l'ai encore, jamais j'arrête
Les oreilles, ils s'les arrachent comme Van Gogh
Toujours progressiste, j'finirai là mais pas comme Mesrine
J'suis pas underground : underground, c'est d'jà trop mainstream » Hugo TSR – Senseï
« Une tension à t'faire péter un multimètre, j'parle dans l'vide comme un clochard devant une tirette » Hugo TSR – A la nôtre
TSR est artiste qui ne souhaite même pas être catégorisé underground, qui refuse les interviews, ou en accorde très peu (tout comme ses feat). Sa musique parle pour lui.
Son projet marque le refus de cette société de consommation et portée sur l’image. Ce qui développe la rage en lui qui lui fait sortir des punchlines toujours plus froides et imagées.
Le clip sortit en noir et blanc pour A la nôtre illustre bien cette idée. Celui-ci met en scène le rappeur Parisien seul, dans une ville abandonnée ou la nature semble reprendre progressivement ses droits.
Par-dessus cela, il nous plonge dans son Périmètre du 18ème, dans son quotidien. Qu’il s’agisse des prods ou même de la façon de poser le rap de TSR fait souvent penser à un rap du début des années 2000.
Les ambiances voix sur des sons comme Oubliettes où Des voix résonnent accentuent le côté nostalgique et renforce la puissance des émotions lors de l’écoute de cet album.
On appréciera particulièrement la boucle au violon sur Les mains devant les yeux le morceau est très bon tout comme l’album en général.
Hugo TSR reste donc aux antipodes de la mode. Il ne cherche pas à se conformer à une image ou à un style musical différent sous prétexte que ce dernier est dans la tendance. Il garde cette volonté de rester indépendant en nous envoyant un projet de plus fidèle à lui-même et toujours aussi sous-coté.