Le rappeur sudiste Hooss poursuit dans sa lancée : il a sorti ce vendredi 26 le 3ème opus de sa série d’EP, Prohibé : Soleil plein. Indépendant, il dispose de la liberté pleine de sa création, sans avoir à se soucier des injonctions de l’industrie musicale. Malheureusement pour lui, cette indépendance lui vaut aussi un silence médiatique autour de ses sorties, et ce projet ne fait pas exception : il est passé tout à faire inaperçu.
Il avait pourtant commencé aux côtés de SCH, alors sa carrière semblait prometteuse. En 2015, on aurait parié qu’il figurerait parmi les plus grands noms du rap des prochaines années. Et pourtant le décollage se fait long : malgré quelques titres tels que A la Gustavo ou La Zone en featuring avec Jul qui ont pu avoir leur petit succès, il n’a qu’un public assez réduit. Alors pour tenter de s’imposer sur la scène rap, Hooss a opté pour une nouvelle recette : un projet consistant à sortir plusieurs EP à la suite, chapitre après chapitre, plutôt que de sortir un seul album d’un coup. Et ça fonctionne plutôt bien ! Sur le chapitre 2, le titre Bella Hadid, accompagné de son clip, est plutôt une réussite pour le rappeur et fait quelque peu parler de lui.
« Quand on arrive dans ton club on veut des mains en l’air, tu reconnais les bad boys / Si je sors le revolver tu mets les mains en l’air, tu reconnais les bad boys »
Sur ce chapitre 3, Hooss cherche à témoigner de sa polyvalence : il touche un peu à tout, sur une atmosphère plutôt ensoleillée. Le début de l’été s’avère être le moment idéal pour sortir un tel projet, qui se veut assez peu prise de tête. S’il inaugure son EP par un morceau de rap, Bad boys, assez sombre et violent, en hommage au quartier, le reste de l’album est bien plus léger. Le titre qui suit, Coquine, en collaboration avec Alrima, lui, est loin de faire l’unanimité : les auditeurs trouvent qu’à bien des égards il n’apporte pas grand chose au projet. Sur des airs festifs presque funk avec ces quelques notes de saxophone qui tournent en boucle, le titre n’a néanmoins effectivement rien de marquant.
« Fils de pute arrête de dire wallah / Recherche nouveau contact à Tijuana / J’appelle Big Ben et j'demande Benzema / Et on m’accueille comme si j'étais chez moi »
En revanche, la belle réusite de l’album est bien le titre Visa. Le morceau est un véritable hymne à l’Algérie, pays d’où est originaire Hooss. Il y chante sa fierté d’être algérien dans sa langue maternelle, l’arabe. On ne pourra pas retourner au bled cet été, mais Hooss nous y emmène le temps d’un morceau, et ça c’est un véritable plaisir. Tijuana marque également ses fans, ce morceau de rap assez chill plaît assez facilement aux auditeurs, sans non plus vraiment proposer quelque de chose de tout à fait innnovant.
A l’inverse, Bob Marley, un morceau assez festif, lui, est un son un peu trop facile, qui pour le coup manque vraiment de personnalité et laisse sur sa faim. De même, Nique les coms est presque un raté total, avec cette instru extrêmement cheap, sur laquelle il pose sa voix avec un autotune qui la rend très similaire à celle de Soolking. Conclusion : le morceau est si brouillon qu’on ne reconnait même plus le style de Hooss.
Un album très inégal en somme, avec de très bons morceaux comme de bien moins bons. Et sur un projet si court, il est tout de même dommage d’avoir si peu de morceaux qui témoignent d’une certaine qualité. On lui reprochera sans doute de prendre trop peu de temps pour peaufiner ses pistes, et de trop précipiter la sortie de ses opus.