Dadju n’est pas en reste de l’actualité mondiale brûlante. Notre producteur de zumbas préféré adopte des tons bien plus matures sur Dis-moi, dévoilé ce 13 juin 2020. De sa voix mielleuse et sur ses incontournables instrus afrobeats, il manifeste son soutien aux luttes antiracistes qui parcourent la planète entière ces dernières semaines.
Georges Floyd aux Etats-Unis, Adama Traore en France, deux drames faisant victime des hommes noirs face à un système policier raciste, et qui ne peuvent laisser de marbre. Et pour le chanteur, c’est l’occasion de manifester sa colère à travers son art, alors que les artistes français sont souvent pointés du doigt pour l’apolitisation de leur musique. Quand aux Etats-Unis J.Cole et Lil Baby s’insurgent à leur façon dans leur rap, en France, c’est Dadju le premier à véritablement réagir spontanément aux événements.
La lutte ne s’est en effet pas arrêtée aux frontières américaines. Le mouvement Black Lives Matter trouve tout son sens sur le territoire français, et donne lieu notamment à des manifestations qui dénoncent les délits de faciès et les drames auxquels ils aboutissent bien trop souvent. Des personnalités, dont Camélia Jordana dont les propos au sujet de la police sur le plateau de On n’est pas couché ont fait scandale, se sont donc publiquement affichées lors de la manifestation pacifique devant le Tribunal de aux côtés d’Assa Traore, la soeur du jeune Adama mort sous les coups de la police. Une prise de partie qui fait l’objet de vives critiques, certains considérant la police française « bien moins violente que celle des Etats-Unis », illégitimant ainsi les luttes dénonçant un système raciste. Ces détracteurs n’arrêtent cependant pas ces artistes, qui n’ont pas peur d’être clivants quand il s’agit de leurs convictions.
« Tu m’aimeras comme ça avec ma couleur de peau / Je mènerai la bataille pour ceux qui viennent après nous »
Le petit frère de Maître Gims ne reste donc pas insensible aux événements, et pour cause : il se sent profondément concerné. Son titre agit comme un véritable appel au soulèvement contre le racisme, alors que ce qui est euphémisé comme « bavures policières » sont non seulement trop fréquentes, mais surtout systématiquement impunies. Avec ce morceau d’apparence très personnelle, les lyrics sont en fait très parlants aux communautés oppressées : « Pourquoi ma mère me disait d’être plus fort que les autres ». Le racisme policier et judiciaire est institutionnel et systémique, et la lutte de Dadju s’inscrit dans un background très sociologique. Il a grandi dans la crainte de la discrimination, et a dû fournir bien plus que les autres pour se faire une place dans la société.
« Si Dieu m’accompagne pour leur montrer c’qui est nouveau / Quelque chose en nous / Quelque chose en nous, quelque chose de nouveau »
Dadju ne fait pas une petite mélodie pour faire joli. Non, il affirme qu’il est temps d’agir, de véritablement se soulever, de prendre les devants car c’est cette génération qui doit lutter pour les générations à venir. Le chanteur exprime au travers de son morceau son refus absolu de se plier à une quelconque fatalité éminemment raciste. Certains le diront utopiste voire naïf, mais Dadju a espoir. Dis-moi est un hymne à la solidarité en des temps difficiles, et ça fait du bien à entendre.