J’aime bien rouler la nuit
Peu importe où je m’enfuis
Et tant pis si la route danse vers un chagrin d’amour
Ou court à la potence
J’aime bien rouler la nuit
Peu importe qui me conduit
J’aime voir de la lumière
Aux yeux grands ouverts
Des immeubles
C’est drôle d’apercevoir
La ville entière léviter dans le noir
Et prise au piège la voix lactée
La refléter comme un miroir
J’échangerai l’étoile polaire d’un ciel d’août
Contre une rangée de réverbères qui me montre la route
Contre un ballet de feux-arrières
Je crois que je préfère courir sur le bitume cent ans
Que de décrocher le sourire sans dents
D’un croissant de lune
J’aime bien voir clignoter les formules 1
Les voir grignoter du terrain dans la nuit
Comme des tout petits alpinistes
C’est beau ces caravanes d’autos
Comme des colonies de fourmis
Elles portent sur leur dos
A l'arrière des rubis, à l'avant des diamants
Il n’y a rien de plus beau que les phares des automobiles
Dans la nuit rien de file
Il n’y rien de plus beau que le bal des automobiles
Dans la nuit rien de file plus haut
Et je troquerai la Grande Ourse
Contre une course de poids-lourds
Pour que le Petit Poucet
Sème ses cailloux sur ma route
Je préfère le goudron et les plumes
Aux promesses que sourire sans chat
Le sourire fat de la lune
Je cligne des yeux dans ce long fleuve d’or
Je n’ai ni le contrôle du volant
Ni la carte au trésor
Je danse, je bouscule la nuit
J’avance, je circule, je vis
Je pousse le sang dans ce grand ventricule
Je fais battre ce cœur
J’aime bien rouler la nuit
Peu importe où je m’enfuis
Et tant pis si la route danse vers un chagrin d’amour
Ou court à la potence
J’aime bien rouler la nuit
Peu importe qui me conduit
J’aime voir de la lumière
Aux yeux grands ouverts
Des immeubles
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