Les grands arbres sont
Dans toute la lumière
De grands solitaires
De grands immobiles
Les grands arbres font
Dans la nuit tranquille
Des tas de réunions
Pour parler d'affaires
On nous a taillés de curieuse façon
Taillés en fuseau, à deux carnavals
Derrière moi se cachent de mauvais garçons
Et j'ai toujours peur qu'un coup soit fatal
On nous déracine pour qu'une rue soit belle
Tous les sales cabots lèvent la patte sur moi
Les chasseurs nous font sauter la cervelle
Comme si ma parole en était en bois
Des malheurs comme ça
Par poignées de mille
Arrivent aux braves gens
Qui sont immobiles
Sur un banc de pierre mon ombre propice
Protégeait l'amour doublé d'innocence
À la place du banc, une station service
L'oblige à tremper ses pieds dans l'essence
Un matin frivole m'offre un drame atroce
Une fille s'est pendue sans me dire pourquoi
Si elle t'as choisie c'est que t'es beau gosse
T'as pas pu quand même l'avoir dans tes bras
Des malheurs comme ça
Par poignées de mille
Arrivent aux braves gens
Qui sont immobiles
Lorsque tombera
Le soir de la terre
Les arbres feront
Leurs révolutions
Ils mettront le feu dans toute les maisons
Afin de venger tous les solitaires
Puis ils monteront pour leur punition
Appelés d'en haut
Tout droit dans les airs
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