Je connais des gens qui, dans la vie,
Voudrai'nt êtr' milliardair's ou rentiers.
Et d'autres qui feraient des folies
Pour habiter dans de beaux quartiers.
L'av'nu' du Bois ou les Ternes,
C'est très joli, et pourtant
Pour ma part, en c'qui m'concerne,
Je n'en demand' pas autant.
R. Je n'me trouv' bien
Qu'dans l'faubourg Saint-Martin.
J'suis comme un prince
C'est ma campagn', ma province.
J'ai deux stations : Château d'Eau Grands Boul'vards.
Et d'l'une à l'autr' je roul' ma bosse en pèr' peinard
En plein Paname ! j'ignor' tous les potins.
Je n'me trouv' bien
Qu'dans l'faubourg Saint-Martin.
J'ai pas toujours connu la débine,
Dans l'temps, j'travaillais, j'étais rangé.
C'qu'on m'en a offert des bell's combines
Des plac's épatant's à l'étranger.
J'aurais p't'être pu fair' fortune,
Mais j'répondais à chaqu' fois
J'préfèr' gratter pour deux thunes
Du moment que j'suis chez moi
R. Je n'me trouv' bien
Qu'dans l'faubourg Saint-Martin.
Quand j'pass' la Seine,
Je m'sens comme une âme en peine.
Et quand j'reviens, en traversant Paris,
J'suis comme un ch'val qui sentirait son écurie
Dès qu'j'aperçois la Port' dans le lointain…
Je n'me trouv' bien
Qu'dans l'faubourg Saint-Martin.
Mon faubourg, c'est ma vie toute entière,
Plus ça va, plus j'm'y sens attaché.
Que de beaux rêves j'ai pu y faire,
Que de larm's ai-je pu y cacher !
Et d'la Porte à la Mairie,
On dirait qu'les magasins
Les gens, les maisons m'sourient
Tout comme à un vieux copain.
R. Je n'me trouv' bien
Qu'dans l'faubourg Saint-Martin.
Faudra sans doute
Qu'un beau jour je change de route
Et si c'est là qu'j'ai l'bonheur de mourir,
J'aurais ainsi réalisé tous mes désirs.
Mais jusqu'au jour où j'irai à Pantin…
Je n'me trouv' bien
Qu'dans l'faubourg Saint-Martin.
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