Je t′attends, je t'attends j′ai le temps
Je t'attends je t'attends j′ai le temps
N′oublie pas ce que c'était de faire l′amour à cette heure-ci du jour
La lumière passait dans l'œil de bœuf et jouait avec les plis du ventre et des fesses
Elle pourchassait un grain de beauté et mourait dans l′estuaire du sexe ouvert comme une mangue où la vie recommençait.
La partie était perdue d'avance.
Pour nous ce n′était pas une raison de ne pas la jouer.
N'oublie pas ce que c'était de danser comme des épouvantails qui quittaient pour la première fois leur piquet, leur champ, leur soleil bouillant dans les grandes plaines de fossés débordants de branches mortes à l′entrée des villages plantés dans le décor comme des fléchettes tordues.
Nous avons dansé si mal, si longtemps et si fort avant de retourner cuire au milieu des blés hauts.
Nous savons depuis notre naissance que nous sommes voués à finir brisés en mille morceaux.
N′oublie pas ce que c'était de croire en toute parole humaine de passer à travers des portes fermées le plus violemment possible, de plonger son corps dans celui de celle qu′on aime et de se laisser porter aux vagues de son plaisir.
Chaque seconde qui passe tombe de ma bouche et vient gonfler les flots des heures perdues.
Je me suis égarée dans tes promesses, je ne me retrouve plus.
N'oublie pas la douceur de mes mains sur toi maintenant qu′elles sont dures d'avoir touché les cornes des bêtes sauvages.
J′ai voulu t'apporter la vie nouvelle et j'ai griffé ton paysage.
Tu me dis que je ressemble à ces chiens fous sur les bords des cours de ferme.
Pourtant je garde sans morsure la terre qui fut la mienne, où j′avais préparé une couche de paille un gros pichet de lait et des tresses de montagne autour pour accueillir ma reine.
N′oublie pas ce que c'était ce grand ciel bleu renversé sur la mer que je connais si mal à cause des ombres où je suis née.
Mon azur est percé par les flèches d′une cathédrale.
Le noir me rassure et le bleu me fait mal
Je sens encore passer sur moi l'odeur des couvertures où je dormais longtemps jusqu′à ce que les ânes rappellent en leur campagne ta caresse et ta main où tu gardais le pain dur comme un barreau de table.
N'oublie pas ce que c′était de s'écorcher aux ronces des chemins effacés entre la pente et la rivière.
Je passais devant pour défaire les tiges nouées aux portes de l'eau claire.
Tu te baignais souvent, je restais à la rive les pieds nus dans la boue, tu étais si paisible et nous étions chez nous.
N′oublie pas ce que c′était d'aimer et d′être aimée de cette façon.
Je te souhaite que cela recommence, que tu puisses y croire de nouveau avec ce même désir vissé au corps comme une poche au flanc d'un beau manteau.
N′oublie pas que je n'oublie rien de tout cela.
Demain je serai encore là et toi tu seras déjà loin.
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