paroles Bolémvn Vol 169

Vol 169

Bolémvn

Date de Sortie : 29/05/2020
 

Nuages goût pomme à travers les hublots, embarquement sur le Vol 169 avec Bolémvn

Publié le: 19/06/2020 15:53
Mis à jour le: 05/10/2020 12:27
Le Bat 7 s'avère décidément être un sacré nid à prodiges du rap. Bolémvn sort son premier album Vol 169, soigneusement entouré d'étoiles montantes. Le Vol 169, traversant l'Ile-de-France d'Évry à Sevran, garantit un sacré décollage de carrière pour le novice.

Si nos frontières sont encore fermées, heureusement Bolémvn nous fait voyager à bord de son Vol 169. La relève du Bat 7 au nom imprononçable sors de l’ombre et vient cette fois piloter l’avion, en compagnie, dans le cockpit, de RK, Maes et évidemment Koba, avec des sonorités d’afrotrap fortement influencées par ses origines congolaises, le tout teinté de RnB.

« Détachez vos ceintures, détendez-vous, allumez vos chichas »

3…2…1… Décollage.

 

« Religion et musique sont pas très compatibles donc j’ai décidé de plus en avoir » 

 

Bolémvn n’a pas froid aux yeux. Si son nom émerge à peine, celui qui a dit adieu aux Terriens n’hésite par à avoir des lyrics très provoquants, dès lIntro, à peine hors du sol, dans un monde du rap où la religion est presque un pilier. Bien loin d’un Médine ou d’un La Fouine, Bolémvn a fait son choix. Au moins, on sait que son Vol 169 n’atterrira pas à la Mecque.

 

Avec Benda, Bolémvn a tout  à fait compris la recette pour séduire les stations de radio et les playlist Spotify Chicha royale. Une chanson d’amour, une mélodie qui rentre vite en tête, une vibe un peu à la « Dis-moi que tu m’aimes » de Ninho… En somme, un son qui se fond très - peut-être trop - bien dans ce qui se fait sur la scène rap actuelle.

 

Et si la funk lyonnaise a eu raison d’une bonne partie de nos rappeurs préférés, elle n’a décidément pas épargné Bolémvn. Le jet privé s’arrête à Meaux, embarque RK sur Prends ta monnaie, et prend des ambiances de Viproom. Un son idéal pour faire de vos soirées appartement une boîte de nuit -  alors qu’elles sont encore toutes fermées. Macron, aies pitié, réouvre-nous ces foutus clubs.

 

« Aujourd’hui c’est dur d’avoir des amis fixes, la plupart de tes shabs te collent seulement pour tes fonds »

 

Sur des tons sensiblement moins festifs, l’avion traverse une légère turbulence sur Risques, sans trop quitter ses accords de guitare ambiance latino. Petit esprit enfantin néanmoins : grand retour dans la cour de récrée… et merde, on a décidément tous finis « sans amis fixes ». Nanananère.

 

Et tant qu’on est sur un throwback, retour à la maison sur Smic, avec un ôde aux souvenirs de nos deux rappeurs préférés du Bat 7. Bolémvn est, sur ce son, pour le moins surprenant et en impose par sa voix. Il embarque dans le même temps Koba, qui a troqué pour un court instant son élocution un peu abrutie pour une mélodie plus accessible. Un beau featuring en somme, qui ne manque pas de rappeler à tous qu’ils ont « Started from the bottom now we’re here » (where ??? Au pied du Bat 7 ou à Phuket ? Tout est relatif…).

 

Dernier arrêt enfin à Sevran sur 10K, où Maes prend les commandes pour un feat qui va crescendo, des airs mélancoliques de ce dernier, vers les tons plus festifs de Bolémvn. Une collaboration à l’image du reste de l’album, mais où le protagoniste a du mal à s’imposer. 

Et c’est peut-être précisément cela, qu’il lui manque : une touche plus personnelle, plus authentique, qui le distingue du reste. On attend un Bolémvn nature peinture, qui sache se défaire des codes de la scène rap actuelle, pour pouvoir espérer le véritable décollage qu’on lui souhaite.

Yassmine Haska