Cet artiste aux multiples casquettes a débuté en faisant des vidéos sur YouTube en 2006, durant la période de lancement de la plateforme (visionnaire).
Grâce à ses vidéos de comédies musicales, des émissions spéciales et des EP, il réussit à 18 ans à décrocher un contrat d’enregistrement professionnel. Il enregistre alors sa première émission et le succès arrive alors à sa porte.
Après une période d’absence de plusieurs années liée notamment à quelques problèmes mentaux, Bo Burnham a construit un nouveau spectacle, disponible sur Netflix depuis le 30 mai.
Ce long métrage a pour particularité d’avoir été construit de A à Z par l’artiste, mais il a également été tourné dans une seule pièce, dans un esprit très confinement donc.
Concrètement, ce film intitulé Inside nous emmène explorer ce qui se passe dans l’esprit d’un humoriste contraint de faire son show pour aucune autre personne que lui-même et de l’impact mental du coronavirus sur chacun d’entre nous.
Ce long métrage nous rappellera d’ailleurs fortement Vald qui avait sorti Rappel l’année dernière, en sortie de confinement, dans une idée très similaire ayant pour but de mettre en scène l’artiste face à la réalité de l’enfermement.
Avec ce film, Bo B. nous a également livré une compilation de 20 morceaux faisant office de bande originale ;
Sur la chanson éponyme au projet, Burnham pose les bases de ce que sera le long-métrage et l’univers qui l’entoure. Dans un registre décalé, il nous introduit alors l’ironie de cette situation, enfermé chez lui depuis 1 an…
La chanson du générique de fin, End credits, est tout aussi joyeuse à première vue mais plus sombre dans le fond. Elle est adaptée au reste du thème atypique du projet, mais cela reste la plus faible du lot.
L’interlude, I Don't Wanna Know, demande subtilement au public s'il est vraiment en train de regarder cette émission ou s’il est plutôt tourné sur son smartphone, à la manière d’un film à la Matrix, ou The Truman Show, les dimensions se confondent.
Des interactions avec le public que l’on retrouvera à de nombreuses reprises sur le projet, à l’image de Feeling in my body, morceau sur lequel le chanteur concède au public certains de ses problèmes mentaux, notamment à propos de ses crises de panique.
Tout ce flou autour sur les différentes perspectives renvoie d’ailleurs une nouvelle fois à Matrix sur That Funny Feeling.
Sur ce morceau, Burnham vient mettre en évidence certaines dérives de la technologie, allant jusqu’à se demander si tout ceci ne serait pas qu’une simulation.
L’un des morceaux les plus catchy du projet restera Unpaid Intern, bien que ce titre soit également le plus court.
Ce morceau dure 30 secondes au cours desquelles l’auditeur est submergé par ce rythme entrainant.
Une autre des chansons les plus courtes du projet ; Stuck in a Room est l'un des morceaux les plus profonds écrits par Burnham. Il passe de la description des efforts déployés pour créer ce projet durant une année confiné à un résumé poignant de l'expérience d'un adolescent qui se sent piégé dans sa chambre.
Un morceau sur le thème de la dépression sur lequel on ressent l’artiste se livrer comme il fait rarement.
En effet, souvent habile pour décrire de manière subtile, derrière des métaphores et comparaisons, les problèmes qu’il rencontre, Burnham revient avec ce morceau de manière authentique, sans se cacher derrière l’humour ou un personnage fictif.
Sur All Eyes on Me, ce trouble mental s’exprime par des distorsions sur la voix du chanteur, l’ambiance est à l’image du projet ; On ne sait pas trop situer entre l’ambiance presque glauque et les multiples moments ou l’humour vient exprimer des choses sombres.
La mélo sur ce morceau est assez apaisante, les harmonies apportent une atmosphère envoûtante, voire mystique.
Le projet vient traiter de manière globale du monde actuel et notamment de ses problématiques. C’est ainsi qu’il en vient à caricaturer le boss d’Amazon, Jeff Bezos, qui a décuplé sa fortune durant la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont rencontré la précarité, sur le morceau parodique Jeffrey Bezos.
Dans un registre similaire de critique et de remise en question de notre société, on retrouve l’excellent How the World Works ou Burnham vient mettre en évidence « comment fonctionne le monde » et la manière dont les peuples blancs, riches et dominants oppriment les autres, qui ne comprennent pas ces injustices.
Welcome to the Internet est également un morceau du calibre des deux précédents cités. Sur ce titre, Burnham expose une nouvelle fois de manière très habile, derrière plusieurs personnages fictifs qu’il interprète, les dérives d’Internet et ses problèmes d’éthiques.
Possible Ending Song est un titre qui reprend tous les éléments réussis sur les chansons précédentes.
En effet, Burnham y superpose divers personnages et observations sur le rôle de la comédie, d'Internet, de la spirale mentale complète, et de la pression pour « réintégrer » le monde, dans un état psychique faible.
En bref, projet sera considéré par certains comme un véritable chef-d’œuvre sur lequel au travers de l’image et du son, Burnham a réussi à véhiculer de nombreuses émotions différentes chez le spectateur !