C’est vrai qu’Antoine était beau gosse
Vous aviez vingt ans vous l’aimiez
Mais le lendemain de vos noces
Votre beau rêve était noyé
Déjà vous veniez de comprendre
Que vous seriez seule au foyer
A passer le temps à l’attendre
Comme passe ce sablier
Il disait je pars à la chasse
Mais à son retour vous saviez
Qu’il n’aurait rien dans sa besace
Que l’odeur d’un autre gibier
Mêlée aux alcools de la ville
L’odeur de femmes dévoyées
Fidèle soumise docile
En silence vous l’attendiez
Vous meniez la vie d’une sainte
Pendant qu’il allait festoyer
Sans un soupir sans une plainte
En bonne épouse résignée
En plein midi griffant la terre
Des grands jardins en espaliers
Aussi pâle que la poussière
Que ressasse ce sablier
Sous le poids de la solitude
Vous n’avez jamais vacillé
Très digne dans votre attitude
Jamais vous ne vous rebelliez
Mais il est des nuits j’imagine
Où vos yeux ont dû se mouiller
D’une fluide bruine aussi fine
Que celle de ce sablier
Pendant sa sieste quotidienne
A l’abri du grand marronnier
Ce fut l’ultime méridienne
Un orage l’a foudroyé
Vous voilà seule dans la ferme
Pas plus seule que vous n’étiez
Le soir quand vos volets se ferment
La porte reste entrebâillée
Alors dans l’ombre je me glisse
En haut du petit escalier
Je vous découvre avec délice
Impatiente sur le palier
Je vous aimais déjà l’automne
Où vous vous êtes mariée
Il a dû en couler des tonnes
De sable dans ce sablier
En me serrant fort par la taille
Vous me murmurez vous voyez
Antoine désormais travaille
Comme il n’a jamais travaillé
Paix à son âme et à ses cendres
Son âme par Satan broyée
Et ses cendres qu’on voit descendre
Doucement dans ce sablier
Paroles2Chansons dispose d’un accord de licence de paroles de chansons avec la Société des Editeurs et Auteurs de Musique (SEAM)