Jusque-ici officieuse, la sortie du projet est confirmée la veille par le rappeur sur ses réseaux sociaux. L’histoire de ce projet est complexe et intrigante, résumant ainsi bien la carrière d’un rappeur qui aura innové en élargissant les barrières du Rap.
En effet, l'actualisation de son site internet en décembre 2020 voit la propagation de théories et de rumeurs en grand nombre, la plus répandue énonçant la sortie d'un projet nommé Infinigga dans l'attente de l'inaccessible Ultraviolet en la date prochaine du 11 décembre 2020.
Finalement, ce sont 13 morceaux que celui qui se faisait appeler Joke au début de sa carrière a choisi d’offrir aux auditeurs, sans faire appel au moindre invité.
Pour ce qui est des prods, il faudra souligner le travail incroyable des artistes venus accompagner le rappeur Montpelliérain.
On retrouve en effet plusieurs noms bien connus parmi lesquels Ikaz Boi, Myth Syzer, Richie Beats ou Freakey. Une très belle liste de beatmakers pour un projet qui marque également le retour d’Ateyaba sur un long format, une 1ère depuis son dernier album éponyme sorti en 2014.
Si nous avons abordé les producteurs rapidement, c’est que les beats sur ce projet sont vraiment d’une grosse qualité !
Ainsi, d’entrée avec Sekhmet, la prod, les flows et les punchlines viennent nous mettre un coup derrière la nuque pour ce morceau imposant.
« Mon savoir dans deux poches, bientôt ma venue te fauche
Chérie viens donc voir l'homme de près, lâche l'oseille la con de tes
Moi j'veux un compte en Suisse, nique sa mère un conte de fées
Les négros du rap français m'donnent envie d'voter FN
T'as un flow de ménestrel, j'sors la coke, j'mets mon p'tit grain d'sel, oh, yes » Ateyaba – Sekhmet
« Négro si le crime paie, alors crime y aura, je fais peur à leur chienne comme un chinois
Renoi moi j'aime le blé pas le quinoa, chevalière en or rose sur le p'tit doigt » Ateyaba – Sekhmet
Au delas du kickage violent, Ateyaba nous sert aussi plusieurs morceaux plus aériens et planants tels que 1 man gang ou Purple Haze qui créent des ambiances très immersives.
Lors de la rédaction de cet article, nous apprenions qu’Ateyaba allait drop un prochain projet en Français avant de ne plus rapper dans la langue de Molière.
Des morceaux comme Playa Part. II sont une belle illustration de cette idée sur cet album pour ce rappeur aux flows très inspirés par les States et le travail de Travis Scott.
$hopping rentrera dans la même ligne directrice avec une nouvelle fois une vibe planante, une voix autotuné, des flows très US et une prod complexe, la recette est bien définie et est très bien maîtrisée !
L’un de nos titres préférés sur le projet sera Nice. Ce morceau est un juste milieu parfait entre la puissance de Sekhmet et les vibes plus planantes des titres qui ont suivi ce dernier. L’ambiance est une nouvelle fois assez immersive et est même presque angoissante. Les sons qui viennent apporter du volume à la prod sont extrêmement riches et variés, il faudra plusieurs écoutes pour saisir l’entière complexité du titre.
Le refrain sur le titre suivant LGBIRI illustre bien la décontraction d’Ateyaba dans la création de son art. Le rappeur semble en effet libéré de toutes contraintes et n’hésite pas à envoyer un refrain très autotuné, assez simple, mais en même temps très efficace. C’est l’un des points forts de cet artiste qui semble vouloir repousser perpétuellement les imites de son art.
Le projet se refermera sur PDRB et Naomi Freestyle. Ces deux morceaux rentreront également dans nos coups de cœurs, spécialement PDRB, sur lequel Ateyaba fait pleuvoir les punchlines derrière une grosse puissance d’écriture, le tout donnant un air décontracté assez caractéristique de son art.
En bref, avec ce nouveau projet, Ateyaba est revenu l’air de rien, en prévenant quelques heures avant la sortie, alors que cela faisait 7 ans qu’il n’avait pas drop un long format. Une poignée d’auditeurs avertis auront pris la peine de se pencher dessus, dommage car il mérite tellement mieux vu la qualité et la prise de risque. Mais ses choix artistiques éloignent Ateyaba des projecteurs en évitant les médias et en restant discret au possible. En tout cas ici, on valide ce retour !