Ils me disent, tandis que je sanglote encore :
« Dans l’ombre du sépulcre où sa grâce pâlit,
Elle aspire la paix passagère du lit.
Les ténèbres au front, et dans les yeux l’aurore.
« Elle aura la splendeur de l’Esprit délivré,
Rêve, haleine, musique, essor, parfum, lumière.
Le cercueil ne la peut contenir tout entière,
Ni le sol, de chair morte et de pleurs enivré.
« Le cierge aux larmes d’or, le râle du cantique
Les lys fanés, ne sont qu’un symbole menteur :
Dans une aube d’avril qui vient avec lenteur,
Elle refleurira, violette mystique. »
— Et j’écoute parmi les temples de la mort.
Je sens monter vers moi la chaleur de la terre,
Dont l’accablante odeur recèle le mystère
Du sanglot qui se tait et du rayon qui dort.
J’écoute, mais le vent des espaces emporte
L’audacieux espoir des infinis sereins…
Elle ne sera plus dans l’heure que j’étreins,
L’heure unique et certaine, et moi, je la crois morte.
La nuit, dont la langueur ne craint plus le soleil,
L’enveloppant du bleu féerique de ses voiles,
Éteint jusqu’aux lueurs lointaines des étoiles,
Et le vin des pavots lui verse le sommeil.
O Morte que j’aimais, ô Pâleur étendue
Dans l’immobilité des néants noirs et froids,
Je n’ose t’apporter que les fleurs d’autrefois
Et mes sanglots païens sur ta beauté perdue.