Statue ou épouvantail
Raymond Radiguet

Poème Statue ou épouvantail

Les seins du marbre, mes fruits lourds
Arrondis par le lourd soleil,
S’ils rougissent, tout est perdu,
Je les nomme pommes d’amour.

C’est, entier, un verger marin,
À elle seule que Vénus ;
Verger par lui-même trahi !
Car Vénus, pendant son sommeil,

Nous livre ses secrets, ses fruits.
(Installé le moineau, corail
Sur ta branche, il la fait plier),
Heureux qui ne doute de rien !

Sans crainte, vagues, picotez
L’arbre du corail effronté :
Dans son rôle d’épouvantail
Vénus manque d’autorité.