À Georges Auric
Marronniers, ainsi que l'yeuse
Quels arbres, ombrelles rieuses,
Ne se déploieraient pour fêter
Le retour du prodigue été !
L'un nous ogre un feu d'artifice
De plumes et de fleurs : orgie
Digne de Noël, tes bougies
Roses, d'autres fêtes complices,
L'encombrant cadeau, marronnier,
Pour ne point des neuves bergères
Troubler la candeur bocagère
Tu le voudrais plutôt nier.
Mais minuit allume la fête
D'où seront exclus les parents.
Un rideau de cheveux, fillette,
Fait mon désir moins apparent.
Dissimule-toi, feu des joues,
Sous la coiffure que dénoue
D'un pâtre la timide main
Feuille encor tremblante demain
Dans tes veines, bergère, un sang
Coule, mauve, avec nonchalance,
Celle des ruisseaux innocents
Chez qui le désir ne s'élance
Que lorsqu'on le leur a permis.
Tandis qu'à ton front se pâmaient
Plusieurs roses, une parmi
Ses soeurs, proche de ton oreille,
Murmure : C'est le mois de Mai,
Qui par sa bouche te conseille :
» Comme l’eau se prête à la rive
Donne ta douce peau craintive
Que quelque rayon indiscret
De lune, affirme tes ébats »
Parce que corne d’abondance
Aujourd’hui semble son croissant
La lune à qui ne suffit pas
De souligner baisers et danses,
Nous verse les plus beaux présents :
Sous des joyaux, sous des dentelles
Ensevelissant la pelouse
Qui frissonne, esclave jalouse.
Aurore ! l’herbe défrisée
Muette atteste que la belle
Usa de tout pour apaiser
La nuit dont la pâle défaite
Est soeur des lendemains de fête.