Avec la mort tu te maries
Sans le consentement des dieux ;
Mais le suicide est tricherie
Qui nous rend aux joueurs odieux,
De leur ciel nous fermant la porte.
Les morts que l’on n’attendait pas
Devant le ciel font les cent pas
Et leurs âmes sont feuilles mortes
Jouets du vent, des quatre vents.
Parce qu’au ciel on garde l’âge
Que l’on avait en arrivant,
Narcisse se donne la mort ;
Il n’y trouve nul avantage,
Sauf la volupté du remords.
S’il tenait tant à son visage,
Que ne pensa-t-il se noyer
Dans la fontaine de Jouvence ?
Toi, colombe dépareillée,
Explique à quoi cela t’avance
De répéter de ce nigaud
La dernière parole ? Écho,
Entendons-nous sous ce bosquet,
Es-tu colombe ou perroquet ?
De ce dernier tu t’autorises,
Paresseuse, pour grimacer
Aux mots d’amour que ton Narcisse
N’eut pas souci de prononcer.
Lui, Narcisse, errant dans les vals
De la mort, et, de roche en roche,
Elle dans la vie, ils se valent.
Ce désoeuvrement les rapproche ;
Qu’ils eussent fait un beau ménage !