Bibliothèques
Paul Verlaine

Poème Bibliothèques

Meuble sublime ou ridicule, ou tous les deux,
Qui, mon goût consulté, serait plutôt modeste
Et de proportions, et de luxe, et du reste,
Salut, Bibliothèque, antre auguste et hideux !

Mais les livres, ici, n’en point parler vaut mieux ;
Le logis, le local, indigent ou céleste,
Seul, nous veut occuper d’un oeil profond ou leste,
Et déjà l’examen me convainc d’être vieux :

Car je hais la dorure et la fioriture
Sur l’acajou trop dense ou tels autres bois lourds :
Tout au plus des pattes en cuivre et des chefs d’ours ;

Ou bien du bois de rose aux coins, où se torture
Le rococo de Boulle et celui de Boucher
Ou des planches au long d’un mur, où tout nicher !